Mais dis donc ça ne parle pas de musique là.
Non, mais le bonjour pour en reparler, 16 ans plus tard, l'âge de l'adolescence.
Le regard en arrière sur cette époque très lointaine où le Paris SG jouait sa vie lors de l'ultime journée de championnat.
Avec mes ami.e.s, on faisait 3-4 déplacement dans l'année, histoire de voir un nouveau stade à chaque fois.
Et au vue de l'urgence, il était impossible qu'on rate celui-là.
Pour ma part, j'avais jamais été à Bonal, ça tombait bien et mal à la fois, car comble de malchance, mon travail m'obligeant à travailler deux samedis par an et ça tombait pile ce jour-là.
Mais avec des employeurs compréhensifs, ça avait finit par s'arranger.
La difficulté, de lambda comme nous à l'époque, c'est de ne pas avoir de places, car nous n'étions pas "Cartés", ceux-ci étant prioritaires pour les déplacements.
Le lundi matin je filais rapidement au siège du PSG pour récupérer nos 5 places.
Après la semaine du décompte final pouvait commencer.
Après une matinée de boulot, mes potes m'attendaient à sortie de mon taff, le samedi midi, dans l'Opel Zafira de location, déjà un signe, car on n'avait failli avoir une Scénic.
Tom Tom branché, direction Montbéliard.
Route sans histoire, on se gare sur le Parking de la Gare.
La ligne de chemin de fer faisant office de Frontière entre Sochaux et Montbéliard, nous étions vraiment pas loin du stade.
Le bon supporter en goguette, fixe ses objectifs au moins à se montrer dans le centre ville et si possible trouver un bar ouvert.
Sur la route, de la grand'Place, on rencontre des gars remontés comme des pendules qui s'en prennent à un malheureux qui a voulu montrer son beau survet' ciel et blanc, le con, il se barre rapidement en courant.
On trouve un joli troquet, le gars a fait les choses en grand, il a monté un barnum/tonnelles et installé des tables.
On retrouve quelques connaissances des Cahiers du Foot, Bruno* et un certain Antigone. (* le prénom a été changé)
On s'installe, on veut commander des pintes, le serveur nous explique qu'ils ont plus de grands verres, quelques uns de nos homologues avant nous sont partis avec un souvenir.
"Soit" on prend 14 demis de Paulaner...
Sur ce, des connaissances de Bruno du temps ou n'était pas encore ce supporter non violent et paisible qu'il est devenu, arrivent et commencent à tchatcher avec nous.
Ils nous expliquent qu'ils ont lâché l'affaire sur PSG, il y a bien longtemps, mais là ils ont envie de foutre la merde si ça se passe pas bien.
Ils ont pas de billet, mais ils en ont rien à battre.
D'un commun accord, après avoir liquidé quelques demis, on se barre de cette ambiance lourde, pour prendre la direction du stade.
Énorme cordon de CRS, à l'entrée du parcage et énorme fouille, ils nous font enlever nos godasses, retirer les T-Shirts, palper les couilles, la totale.
Dans le parcage, fracture Boulogne/Auteuil, Droite/Gauche pour la localisation, quelques stewards Parisiens surveillent.
Puis on attend patiemment dans le parcage, quand soudain un bruit s’élève, des gars sont passés en force, les CRS les ont gentiment laissé passer, les stewards de Sochaux se sont écartés, ils arrivent.
Ils arrachent quelques sièges et les balancent dans le tas.
C'est tendu, ça pousse, au coup d'envoi, énorme échauffourée, quelques indep' de Boubou participent au bordel, on voit rien du match, on est plus préoccupés à ne pas se prendre un coup de latte dans la gueule.
5 minutes de grand n'importe quoi très intenses, j'envoie mes potes à l’extrême droite du parcage, moi je reste au milieu j'assiste au bordel, un petit gars me bouscule, s'excuse en passant, puis lâche ses poings sur un autre.
Les stewards de Paris, qui n'ont pas toujours été des salopes, interviennent, font un cordon de sécurité, en prennent plein la gueule et arrivent à séparer les intervenants.
On peut enfin regarder le match, mais l'ambiance est délétère.
Diané marque pour Paris, tout se passe bien sportivement.
Sochaux finit par égaliser, les Sochaliens nous chantent "Paris en Ligue 2".
Des rumeurs, certains écoutent la radio, d'autres reçoivent des SMS, "c'est quoi les autres scores ?", on ne sait pas, on ne sait plus.
Stress, stress, stress, sachant qu'un mauvais résultat dans ce parcage tendu par la haine et c'est l'explosion de violence qui reprend.
Puis c'est l'action du match, Diane excentré, face au gardien, arrive à tirer, les 6 mètres sont un bourbier, le ballon avance péniblement au ralenti et rentre dans le but.
Là c'est l'explosion de joie, le soulagement pour toutes les raisons invoquées au préalables.
La délivrance, le coup de sifflet final, on attend, on veut vite se barrer quelque fois, qu'il reste quelques velléités à certains.
L'orage qui suit à la sortie calme tout le monde qui part en ordre dispersé, on arrive à Montbéliard, tout le centre a été fermé par un arrêté préfectoral.
Les autorités veulent voir les parisiens partir et le plus vite possible.
On arrive devant une Pizzéria et la présence d'une femme parmi nous arrive à amadouer le propriétaire qui nous laisse rentrer.
Bruno et Antigone nous rejoignent après avoir encore parlementer avec le boss.
Ils étaient en latérales, ils nous expliquent qu'ils sont rentrés sur le terrain après le coup de sifflé final, Antigone a même arraché un bout de la pelouse et nous montre la preuve et les photos.
On peut respirer, prendre notre temps, baffrer, boire et débriefer tranquillement.
On repartira sur un léger nuage qui nous fera prendre une mauvaise route et on manquera de finir en panne d'essence, mais on s'en fout, notre avenir est toujours en Ligue 1...
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